26 mai 2007

OVNI : INTERVIEW DE BERNARD THOUANEL

Bernard Thouanel s’intéresse dès son plus jeune âge au phénomène OVNI au travers de la BD, dont notamment celle de Lob et Gigi. Il devient journaliste professionnel (spécialisé en aéronautique), et rentre à VSD au printemps 1986. Dans un premier temps ses différents articles sur le Lochkeed F-117 A américain lui valent d’être qualifié de « debunker », par certains puisqu’il tente d’expliquer notamment la vague d’OVNI belge grâce au fameux prototype américain.

En juin 1995, il fait la connaissance de Jacques Pradel qui diffusera le film de l’autopsie de « la créature de Roswell » dans son émission L’Odyssée de l’Etrange sur TF1. Le périodique fera d’ailleurs la meilleure vente de toute son histoire (400 000 exemplaires vendus), grâce à la publication en première de couverture de la photo du supposé « alien ». Suite à la liquidation judiciaire du magazine, il envisage alors la création d’un VSD Hors-Série spécialisé sur les OVNI qui grâce à son opiniâtreté, son dynamisme et ses contacts voit le jour quelque temps plus tard. Il est nommé ensuite rédacteur en chef de la revue qui consacre régulièrement ses numéros sur le paranormal et les OVNI à partir de juin 1998. Ce magazine publiera entre autres le fameux rapport COMETA qui continue encore aujourd’hui de faire couler beaucoup d’encre. Il publie en 2003 deux volumineux ouvrages (de par leurs tailles et leurs très riches iconographies) OBJETS VOLANTS NON IDENTIFIES et 100 ANS D’AVIATION (Edition Michel Lafon). Aujourd’hui il vit à Los Angeles et est rédacteur en chef de SCI FI MAGAZINE qui est en quelque sorte le successeur de VSD Hors-Série.

PATRICK BAUDRY ET BERNARD THOUANEL A BORD D'UN SU 27 UB FLANKER

BERNARD THOUANEL, un pilote de ligne aérienne commerciale a rapporté avoir vu deux objets non identifiés en vol, dans le ciel, près de l’île Anglo-Normande de Guernesey le lundi 23 avril dernier. Avez-vous d’autres informations à ce sujet ?

B.T : Ce témoignage est d’autant plus intéressant qu’il est à rapprocher de l’observation du 28 janvier 1994 du Commandant J.C. Duboc d’Air France, observation devenue désormais un grand classique de l’ufologie officielle en France et notamment au GEIPAN, affaire que j’ai d’ailleurs contribué à révéler par le biais de (feu) VSD Hors-Série « OVNIS » en juillet 1998. Nous avons là, je pense une ressemblance étonnante (effets de couleurs dominantes mises à part) entre les Ovnis aperçus par le Captain Ray Bowyer d’Aurigny Air Services et celui vu par le Commandant Jean-Charles Duboc d’Air France. J’oserais presque dire qu’il s’agirait pratiquement du même type d’Ovni tant la forme et les dimensions apparentes semblent être similaire. La comparaison s’arrête là, car dans le cas du pilote d’Aurigny A.S., il n’y a pas eu disparition instantanée du phénomène. On ne sait toujours pas s’il y a eu détection radar et corrélation avec la position relative de ou des supposés « engins », et à mon avis c’est le type d’info qui n’est pas prête d’être confirmé. On sait par contre qu’un autre pilote, voire un autre équipage vraisemblablement d’un biturbopropulseur « Jetstream » de la compagnie locale Blue Islands en route vers Jersey aurait confirmé avoir vu le même phénomène mais de l’autre côté et dans le sens opposé au cap suivi du trimoteur « Trislander » du Capt. Bowyer. Depuis, c’est le silence radio sur cette affaire aussi bien coté français qu’anglais, où il y aurait eu forcément détection radar au moins par les militaires des deux pays. Le pilote encore en activité ne souhaite visiblement ne plus s’exprimer … Dans le cas du Cdt. Duboc, peu après la publication du premier VSD « Hors-Série OVNIS » en juillet 1998, j’avais reçu à l’époque à notre rédaction de Levallois-Perret, un coup de téléphone spontané et bizarre d’un pilote militaire du GLAM basé à Villacoublay qui affirmait aussi avoir vu en vol le même phénomène que Jean-Charles Duboc, le 28 janvier 1994. Il devait me rappeler ultérieurement… Et il ne l’a jamais fait ! Info ou Intox ? C’est une information qui ne m’étonne qu’à moitié, car j’ai toujours pensé que le Commandant Duboc ne pouvait pas être le seul à avoir vu un tel phénomène dans le ciel, pratiquement à la verticale de Paris et… en plein jour ! Surtout avec la concentration de trafic aérien que l’on connaît autour des aéroports de Roissy CDG, d’Orly, du Bourget sans compter ceux des transits et des plates-formes militaires comme Villacoublay…

Article de UFO Magazine concernant BERNARD THOUANEL

Ce type de témoignage, comme celui du Commandant Duboc qui fit une observation très importante, le 28 janvier 1994, prouve à l’évidence que les pilotes commerciaux sont souvent les témoins privilégiés d’observations d’OVNI. Pensez-vous qu’aujourd’hui, ils se sentent beaucoup plus à l’aise pour faire connaîtrent leurs expériences ?

B.T : Je vous ai déjà un peu répondu dans mon commentaire précédent. Je dirais oui et non… Comme vous le savez, les réglementations JANAP 146 et CIRVIS ne sont plus en vigueur. Par contre depuis le 11 septembre 2001, il y a l’« Homeland Security » qui règne en maître aux Etats-Unis et qui contraint tous les pilotes de ligne à taire leurs observations dans le cadre de la lutte antiterroriste. L’association NARCAP qui est vouée à l’étude des observations de PAN par des pilotes, dirigé par le Dr. Richard Haines, a désormais énormément de mal à recueillir les témoignages, sans compter l’obligation de réserve et de non-publication des dossiers collectés, sous peine de poursuites de la part de la FAA. Cela suppose un travail dans la discrétion…

Mais bon, il y a désormais Internet, et certains pilotes et techniciens passent outre de façon anonyme pour faire connaître leurs observations sur des forums de discussions aux USA, comme on a pu le voir avec l’affaire de Chicago O’Hare, le 7 novembre 2006.
Mais il y a tellement d’intox, de désinformation, qu’il est souvent difficile de séparer le bon grain de l’ivrée. J’ai connu un certain nombre de pilotes de ligne désireux de s’exprimer à visage découvert, mais le plus souvent, ils se réfugient rapidement dans le silence pour éviter d’être ennuyés par les ufologues du monde entier (surtout avec Internet aujourd’hui). Ceux qui s’expriment le plus facilement sont pour la plupart ceux qui sont proches de la retraite. C’est une question aussi de disponibilité. CQFD.


Vous êtes vous-même un pilote privé et vous avez une très bonne connaissance du milieu des pilotes de chasse. L’affaire de la confrontation en 1977 entre le Mirage IV du Colonel Giraud et un OVNI vous paraît-elle la plus importante de ce type en France ?

B.T : Effectivement, le fait d’avoir fréquenté les aéro-clubs, en tant que journaliste aéronautique professionnel mais aussi et surtout les mess et les salles de Briefing avec des pilotes militaires opérationnels, ce, pendant près de 25 ans, m’ont permis de recueillir des infos et de tisser des liens particuliers. Des rapports de confiance, disons, qui m’ont bien aidé à décider une douzaine de pilotes à témoigner à visage découvert dès le premier numéro de VSD « Hors-Série » OVNIS. Le fait aussi d’avoir représenté la revue fédérale « Info Pilote » de la Fédération Française Aéronautique (FFA, ex-FNA) m’a aussi aidé. J’ai même (ô sacrilège !) publié quelques récits ufologiques dans ce même magazine, mais bon, je n’ai pratiquement jamais reçu de retour d’information. Il y a des sujets tabous difficiles à briser, manifestement au sein de l’aviation générale en France ! Mais bon, c’est quand même assez marginal…

Vous avez parfaitement raison de dire que le témoignage du Colonel Giraud révélé séparément par les journalistes Jean-Claude Bourret et Robert Roussel compte parmi les cas les plus importants en France, ne serait-ce que par le vecteur mis en cause. En l’occurrence, un bombardier Dassault « Mirage IVA » des Forces Aériennes Stratégiques. Il n’y a pas un pays au monde disposant de l’arme atomique qui n’ait pas été à un moment donné confronté à des ovnis. Aux Etats-Unis, tous les principaux bombardiers du Strategic Air Command ont été l’objet à une période ou à une autre d’une observation d’objet volant non identifié. Ce n’est pas moi qui l’affirme, ce sont les documents du Projet Bluebook qui le disent ! Je peux vous garantir que c’est le secret numéro un dans l’ufologie officielle. Des chercheurs officiels comme Claude Poher (créateur du GEPAN en 1977) vous affirmeront sans détour que vous faîtes fausse route en affirmant qu’il y aurait souvent corrélation entre ovnis et l’atome. Mais voilà, M. Poher s’est occupé pendant de nombreuses années des missiles stratégiques comme d’ailleurs son successeur Alain Esterle. Et bien entendu on comprend alors pourquoi une telle affirmation dérange, à tel point que cela a coûté, je pense, à certains chercheurs officiels (on devinera bien sûr de qui je veux parler), une mise au placard plus rapide que prévu. Comme dit le couplet de la chanson de Guy Béart « Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté ! »

Côté militaire, j’ai pu également recueillir d’autres récits de témoignages, ici et là, l’un lors d’une mission il y a quelques années sur chasseur-bombardier de pénétration Mirage 2 000N de l’Armée de l’Air, l’autre à bord d’un « Alpha Jet » en instruction de vol de nuit, ou encore une tentative d’interception d’Ovnis au radar par une patrouille de F8E (FN) « Crusader » de l’Aéronautique Navale. Mais je ne peux rien en faire car le « Secret Défense » estampille les rapports d’enquête, quand il y en a, et qu’il n’existe pas de loi FOIA comme aux Etats-Unis où en Grande Bretagne pour accéder à la divulgation et à la publication de ces cas d’observations. Ceux qui, comme l’ufologue français Gildas Bourdais (que vous présentez comme le « gentleman de l’ufologie française » (sic)), qui a affirmé en bégayant lors de l’émission de France 5 « C dans l’Air » (face à M. Jacques Patenet, représentant officiel et patenté du GEIPAN) qu’il y aurait « peut-être » des dossiers secrets militaires en France autres que ceux du CNES, me font sourire. La réponse va de soit quand on mène des enquêtes et lorsque, comme moi, on rencontre des militaires de tous poils à travers le monde dont les affirmations vont dans ce sens. Donc, Soit ces « gentlemen » ufologues jouent la comédie pour donner le change et garder de bonnes relations avec les services officiels, afin de conserver le privilège de passer sur les plateaux de télévision ; soit ils ne sont visiblement au courant de rien, et auquel cas, on est en droit de se demander leur degré de compétence et la véritable raison de leur présence dans des débats de cet ordre. Bien sûr, ceci n’engage que moi. Mais je dis là tout haut ce que beaucoup pensent tout bas…

Préparez-vous un nouvel ouvrage ?

B.T : Même plusieurs… D’abord un livre qui racontera les coulisses de mes enquêtes, de mes travaux… l’envers du décor, si vous voulez, à la fois dans les pays où j’ai pu enquêter et avec les officiels en France que j’ai eu le privilège de fréquenter un certain nombre d’années. Il y aura aussi les inédits de mes recherches, tout ce qui n’a pas été publié et dont j’ai eu la primeur de récupérer en première main notamment à l’étranger.

Ensuite je cogite un roman de science-fiction lié à l’ufologie, un peu dans la lignée de ce qu’a écrit Jacques Vallée…

Et enfin j’écris également un ouvrage aéronautique sur les grandes énigmes de l’aviation. Tout cela parallèlement au bimestriel SCI FI Magazine (France) dont j’assure la co-direction rédactionnelle depuis l’automne 2006 et dans lequel sont régulièrement publié des dossiers et des articles de fond sur l’ufologie en France et dans le monde. C’est en soit l’héritier de VSD « Hors-Série Ovnis » de la belle époque, la suite logique des numéros spéciaux qui ont passionné la France pendant près de huit ans. Il est important de poursuivre des publications régulières consacrées à l’ufologie dans la presse grand public. Et je suis assez fier d’avoir pu poursuivre cette aventure avec la société d’édition GS Presse, dont les directeurs François et Jean-Dominique Siegel ont su me faire confiance… Comme ils ont su me faire confiance, lorsque je leur ai proposé de publier intégralement le rapport COMETA « LES OVNI ET LA DEFENSE » sous la forme d’un magazine vendu en kiosque en juillet 1999. Un pari audacieux mais l’histoire a démontré l’impact à long terme de ce document de par la notoriété de ses signataires. Avec SCI FI Magazine, l’aventure continue donc pour j’espère, le meilleur, et pour le plaisir de nos lecteurs !

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Interview faite par Internet en Mai 2007
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